3- Un monde nouveau
On s’imagine fréquemment que les forces de vie nouvelle, forces de progrès, vont devenir plus fortes que les forces du mal et les supplanter. Or les forces dites du mal, les forces d’égoïsme, s’opposant les unes aux autres, sont conduites à leur propre anéantissement lorsqu’elles sont portées à leur paroxysme. Elles entraînent un basculement du monde et des destructions rendant possible l’apparition de ce qui, actuellement, ne peut se manifester que dans le cœur d’un certain nombre de petits groupes, porteurs des ferments du monde nouveau. Mais pour que les forces d’égoïsme n’aient pas le temps de se ressaisir et d’organiser ce monde selon leur propre intérêt, les événements doivent s’accélérer : pollution, désordre, inadaptation accentuent leurs pressions ; de même, l’explosion démographique qui, sans adaptations, aboutirait, dans une vingtaine d’années, à des millions de chômeurs ou d‘êtres humains appelés à mourir de faim. Parallèlement, s’accroissent les découvertes qui permettent, en l’espace de quelques années, d’ajouter aux connaissances acquises ce qui aurait préalablement demandé des siècles de patients travaux. La quantité d’énergie utilisée par l’homme va, elle aussi, vers un basculement. Par exemple, en France, d’ici une dizaine d‘années, elle aura doublé. On le sait bien : sans nouvelles sources d’énergie, la machine industrielle, lancée à toute allure, aura des pannes ; la société de consommation tire le char de l’économie humaine vers le précipice. Un éveil est nécessaire pour mieux comprendre les événements. Il faut aussi que l’homme s’ouvre à une conception scientifique du monde, qu’il puisse non seulement découvrir des vérités, mais aussi trouver le langage qui permette de les transmettre là où c’est nécessaire. En ce domaine les mathématiques ont un rôle essentiel. Elles ont rendu possible l’exploration spatiale, les appareillages médicaux ; elles participent activement à l’élaboration de l’unité humaine, notamment au moyen du langage informatique. L’homme a pour fonction de devenir un élément d’intelligence et de sagesse au sein de la nature ; par exemple il a déjà obtenu des résultats remarquables en agriculture, en alimentation. Mais, sans éducation, il s’approprie ce qui appartient à tous, et il n’est pas plus heureux.
D’où la nécessité pour lui de s’exercer à une nouvelle manière de pensée, que nous avons reconnue comme étant créatrice, dans laquelle l’acte de conception ( ou de visualisation) fermement accompli est suivi d’un acte d’abandon à une partie de nous-même qui est en relation avec tous, et notamment avec toutes les personnes ou situations susceptibles d’être intéressés par la réalisation de cette pensée. Il en résulte un intérêt commun qui se traduit sous forme d‘événement, d’impulsion, de souhait. Il se crée une zone d’interaction où chacun se sent heureux, capable de réalisations pratiques utiles à tous, alors que la pensée égoïste est source de conflit et de souffrance.