Pensée Créatrice : 2ème et 3ème temps
Une exécution succédant immédiatement à une conception peut être utile dans les actes immédiats de la vie quotidienne ; mais lorsqu’il s’agit de concevoir un acte relatif à « une vie meilleure pour tous », la personne doit lâcher prise. Sinon elle risquerait d’imposer sa conception en exerçant un pouvoir contraignant et destructeur. Un circuit fermé s’installerait entre le monde mental et le monde physique ; il s’agit de l’ouvrir sur la Vie spirituelle, faite de relations entre le monde personnel et la Vie universelle. Voici ce qu’il en est dit dans « la Paix dans la tempête » :
Lorsque la pensée émise est abandonnée par son auteur à une autorité supérieure (qui se dénommera Dieu , Intelligence Universelle, Conscience supérieure, peu importe), elle subit, d’une part, un contrôle d’opportunité et d’ajustement au réel et, d’autre part, acquiert un caractère de plus grande universalité ; si bien que la réalisation (ou la réponse) suit fréquemment des voies inaccessibles aux capacités personnelles de celui qui l’a émise. C’est pourquoi on parle alors de pensée créatrice. Il ne s’agit donc pas du tout de quelque acte « magique » par lequel on satisferait une volonté de puissance, mais d’un accord avec les forces créatrices universelles. Les artistes connaissent bien cette situation et savent distinguer ce qui relève de leur métier de ce qui dépend d’une intuition créatrice.
L’exécution et la réalisation ne sont pas à considérer comme des obstacles, mais comme collaborateurs des pensées que nous avons formées puis abandonnées. Sans doute serait-il utile de préciser la différence existant entre une exécution et une réalisation. Marc explique :
L’accueil de la réponse peut être exécution ou réalisation. L’ exécution est l’événement en sa nudité ; période géologique ou simple circonstance particulière, elle est « changement d’état ou de situation », modification objective des conditions de vie. La réalisation est la prise de conscience de l’événement et de sa portée morale ou pratique. Philosophiquement parlant, elle traduit en réalité mentale ce qui n’était qu’un signe ; c’est donc une adoption, une prise en considération suivie de conséquences. Une remarque importante se situe ici. Qu’une visualisation se traduise en faits conforme à l’image choisie n’est pas une réalisation , c’est seulement un signe, si miraculeux soit-il. Un signe dont il faut découvrir le sens et la portée. Un signe qui peut être aussi bien négatif (« non, pas ça ») que positif (« c’est bon, va plus loin »). Ce faisant, une communion s’établit entre les valeurs personnelles et les valeurs universelles et une véritable « création nouvelle » s’ensuit. Une réalisation n’est jamais satisfaite d’elle-même, sinon elle n’est qu’exécution.
La pensée créatrice est donc le moyen qui nous est offert pour participer à l’élaboration du monde nouveau. S’y entraîner quotidiennement est à la fois un exercice et un déclenchement, car se conjuguent alors les données personnelles et la Vie Universelle en des œuvres capables d’assurer l’évolution.
(extrait de « Le Mouvement J.E.A.N., un milieu de Vie », Novembre 1993)